Les entreprises de presse sont concurrencées depuis quelques années les influenceurs qui, par le biais des réseaux sociaux ont débuté la diffusion d’information. Ce procédé a affaibli les finances de ces entreprises de presse qui, sous l’égide de l’Agence Nationale de la Presse (ANP) et l’UNESCO, se sont réunies ce jeudi 26 janvier 2023. À la Maison de la presse, les acteurs du monde médiatique ont échangé sur les façons de redynamiser le secteur de la presse et de lui permettre de se relever.

« Durabilité, viabilité et développement de la presse », c’est sous ce thème que s’est déroulé le premier atelier d’échange de l’ANP en 2023. La représentante du ministre de la communication Gertrude Damon et Omar Diop représentant de l’UNESCO à Abidjan ont chacun à leur tour, prononcé un discours d’ouverture de cette rencontre entre les journalistes, patrons de presse et autres artisans du monde médiatique.
Garant de la diffusion d’informations, les entreprises de presse subissent la montée en puissance des influenceurs, qui réduisent considérablement leurs audiences. Les influenceurs profitent de l’émergence du web 2.0 et de son lot de plateforme de diffusion pour interagir avec le public et lui procurer en temps réel les actualités à l’échelle internationale.
En Côte d’Ivoire, le « Buzz » est un moyen facile de s’attirer des internautes par milliers ou par millions pour certains. Cette tendance sert donc de levier pour les web influenceurs qui se transforment en journaliste, politologue ou même expert en coaching familial. Avec cette foule qui les suit, les influenceurs se rémunèrent directement grâce aux publicités. Le problème, ces « néo journalistes », n’ont aucune connaissance du code d’éthique et de déontologie du journalisme. De ce fait, il n’est pas rare de voir une succession de fausses informations, des propos déplacés, et même de diffamation. Avec ça, « les ventes des quotidiens nationaux sont en dessous du milliard d’Unes vendues », a indiqué Samba Koné Président de l’ANP.
Dans le second panel de la rencontre des acteurs de la presse, Israël Guébo, journaliste et Directeur de l’Institut Africain des Médias, a mis l’accent sur les erreurs que commettent les journalistes dans l’exercice de leur fonction. « Lorsque j’ai ouvert mon institut, j’ai organisé des formations de renforcement pour les journalistes. Au début de la formation, ils étaient 40, ensuite 10, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne. Ce sont ceux qu’on appelle blogueurs et influenceurs qui assistent le plus à ces formations et se lancent dans le métier », a-t-il révélé.
Si certains patrons de presse essaient de se projeter dans la jungle numérique en y mettant de gros moyens, le résultat final n’est pas toujours celui espéré. « Lorsque j’ai eu des ressources, au lieu de structurer durablement le papier, j’ai lancé la digitalisation et la numérisation des activités. J’ai lancé L’Intelligent TV à plus de 100 millions et il m’arrive de regretter ce choix », a déploré Alafé Wakili.
Avant de conclure, Israël Guébo a tenu à préciser une chose : « Avec les Journalistes Reporter d’Images (JRI), ce n’est plus une nécessité d’investir 50 millions (F CFA, ndlr) dans une caméra. Avec son téléphone, il est capable de réaliser de très beaux reportages. Il n’est pas nécessaire non plus d’acheter les ordinateurs dernier cri juste pour faire du traitement de texte. Mais attention ceci ne s’adresse pas à ceux du cinéma ».
Pour faire face à cette baisse d’audience et continuer à être rentables, les entreprises de la presse doivent pouvoir s’adapter aux avancées de leur époque et se faire former, afin de répondre à toutes les demandes de leur public. « Il ne faut jamais arrêter de se faire former. Apprenez chaque fois que vous en avez la possibilité. Depuis quelque temps, je ne dors plus parce que je veux tout savoir sur l’intelligence artificielle. Faites de même apprenez », a conclut Israël Guébo.
Claude Glèlè