Charlène Danon : s’accomplir en restant authentique

Son langage est franc et direct. Son visage, d’un naturel flagrant, dévoile quelques imperfections qui n’entachent en rien la beauté de son regard. Teint noir, taille moyenne, look atypique, Charlène Danon est directrice de production à Life TV depuis mai 2021. Entre ses différentes obligations professionnelles et sa passion pour l’écriture, elle se laisse bercer par son désir de se démarquer et son amour pour le travail bien fait. Immersion dans le parcours d’une journaliste écrivaine, dont la simplicité passe difficilement inaperçue.

Il est 11 heures. Le soleil de ce jeudi 10 février 2022 semble avoir pris rendez-vous avec la nature. La chaleur est intense. D’un pas rapide et assuré, Charlène Danon se dirige vers sa voiture. Elle se prépare à honorer l’une de ses nombreuses fonctions. S’assurer que toutes les conditions soient réunies pour le bon démarrage de la prochaine production d’une des télé-réalités à succès de Life TV. « Jeunes Mansa ». Déterminée, elle s’empresse de rejoindre le décorateur Pacôme, dans la villa où se déroulera le tournage de l’émission afin de veiller à chaque détail.

« Le poste que j’occupe aujourd’hui est le couronnement d’un parcours et la confirmation d’une expertise. À la base, j’étais responsable éditoriale et responsable du département des créas et développement à Life TV. Vu la qualité de mon travail, la société m’a fait confiance et m’a confié le pôle de production, en plus. La production, c’est un peu la mise en exécution de ce que la créa développement aura produit comme concept d’émission et ce que l’éditoriale par la suite aura développé. Mon rôle consiste aussi à jongler avec les fournisseurs et les clients externes. Être toujours là pour veiller à ce qui est à l’avantage de la télé, à ce qui va nous permettre de réaliser une belle production ou une belle émission », explique-t-elle d’un air détendu.

À la tête d’une équipe de 30 à 50 personnes qu’elle manage au quotidien, Charlène Danon met un point d’honneur sur la qualité de son travail. Pourtant, si le succès lui sourit à pleines dents aujourd’hui, ce n’est pas par hasard. Aînée d’une fratrie de cinq enfants, la vie lui a souvent joué bien des tours. C’était sans compter sa détermination à accomplir ses rêves et à déjouer tous les pronostics malheureux.

« Chacun, à tout moment peut changer le cours de sa vie et j’en suis un exemple vivant. Parce que, quand à 17 ans, je me suis retrouvée enceinte, en classe de terminal avec l’auteur qui s’est barré, tout le monde signe que j’ai raté ma vie. Et là, je me dis ok, je ne lâche rien. Je suis enceinte, ce n’est pas une maladie. Il fallait que je me prouve à moi-même que j’étais capable d’y arriver. J’ai galéré, j’ai bu la honte, mais je ne me suis jamais posée. J’avais un objectif à atteindre et c’était mon BAC. J’ai eu la chance de compter sur le soutien de mes parents et de mes amis et j’ai réussi mon examen, avec un bébé sur le bras », confie-t-elle dans une vidéo sur sa page Facebook, 17 ans après les faits.

Le baccalauréat en poche, elle s’inscrit à l’Université National Félix Houphouët-Boigny en faculté de sociologie où elle obtient sa Maîtrise tout en caressant le rêve d’embrasser un jour le métier de son choix.

 « Depuis mon primaire, quand on me demandait, qu’est-ce que tu veux faire plus tard, je faisais partie des rares personnes qui citaient des métiers très précis. Je répondais toujours naïvement, je veux devenir soit avocate, soit journaliste ou écrivain. Mais faute de moyens, je me suis d’abord retrouvé en faculté de sociologie où j’ai appris des choses vraiment essentielles qui m’ont davantage préparé à devenir un meilleur journaliste », se souvient-elle.

Le journalisme à pleines dents

En 2013, lorsque l’occasion de se faire former en journalisme se présente, elle la saisit immédiatement. Elle intègre Mozaik, un studio-école de formation au journalisme radio et à la production audiovisuelle, basé à Abidjan. Elle y apprend les techniques d’écriture web, d’animation et de montage audio. Puis monte rapidement en compétences en travaillant de façon acharnée.

Au fil des années, elle enchaîne les expériences et progresse rapidement dans le monde du travail. E-voir, Altermédias, Africa Risk Consulting, RNW, 2A Editions, Kiwii Multimédia, ADM Studios, AFD, LK Holding, Voodoo Médias, puis Life TV. Dans chacune de ces différentes entreprises, elle fait preuve de rigueur pour mener à bien chaque mission qui lui est confiée. Elle apprend de chaque expérience et se découvre au fur et à mesure de nouvelles compétences. Son seul handicap : ne pas savoir aborder avec aisance les gens.

« Au début de ma carrière, j’avais beaucoup de mal à aller vers les autres, et même aujourd’hui, c’est un travail que je continue de faire sur moi. Je ne suis pas forcément quelqu’un de timide, mais je suis une solitaire. J’avais du mal à aborder les gens. C’est peut-être parce que je manquais d’assurance. Et pour le métier que j’avais choisi, c’était un handicap. Je me souviens que lorsqu’on me demandait de contacter une personne pour la rencontrer, je pouvais passer le téléphone à tout le monde, tellement j’avais du mal. Quand on est un jeune journaliste, ce n’est pas toujours évident. Ce sont des choses qu’on apprend avec l’expérience », avoue-t-elle dans un éclat de rire.

Passionnée d’écriture, elle finit par réaliser son rêve de devenir écrivain le 20 janvier 2016 avec la sortie de son premier roman. « Le mur de la honte ». Un voyage livresque qui interpelle le lecteur sur la véritable nature humaine.

« J’ai toujours voulu mettre en avant le fait qu’une femme ressentait et partageait les mêmes émotions qu’un homme même si on a toute une culture autour qui met des gardes fours. C’était justement l’occasion de montrer l’humanité des femmes. Une femme aussi a le droit de se tromper. C’est vrai qu’on aspire chacun à donner le meilleur de soi, mais à travers ce livre, j’ai voulu montrer que des fois les gens, ils peuvent chuter. C’est humain. Et les femmes ne sont pas des exceptions. Des fois, on a juste envie de se retrouver dans un coin avec nous-mêmes en tant que femme et puis de dire, ouf, je ne suis pas obligée d’être parfaite. La vie, c’est comme ça. Le plus important, c’est comment on se relève et comment est-ce qu’on accueille les gens dans ce qu’ils sont, de bons ou de mauvais », indique-t-elle.

Engagée pour les autres

Au-delà de son travail qui occupe la majeure partie de son temps, Charlène Danon est également engagée dans les questions d’éducation et de citoyenneté. Elle participe à la fondation de l’association « Génération Innovante » dont elle est devenue la nouvelle présidente le 28 janvier 2022. Une association qui prône des valeurs de citoyenneté, d’intégrité et de solidarité.

« Je ne voyais pas venir cette nomination, mais je l’ai accueilli avec beaucoup de reconnaissance et d’enthousiasme. C’est une association qui me tient à cœur parce que dès le départ, elle a planché sur des sujets qui, s’ils sont bien traités seront réparateurs de beaucoup de choses dans notre pays. Quand on se positionne sur l’éducation, c’est de la réparation, c’est de l’espoir qu’on donne, c’est le développement qu’on amorce », se réjouit-elle.

Rester authentique, travailler dur pour se réaliser et surtout faire preuve d’anticipation dans tout ce qu’elle entreprend sont autant de qualité qui définissent sa personnalité. Elle se réserve le droit d’avoir sa part de vulnérabilité et s’accroche à sa foi en Dieu. Ce qu’elle voudrait que les gens retiennent d’elle ? « Rien », ironise-t-elle. « Il faut que les gens retiennent des choses d’eux-mêmes. Je suis comme un bébé dans la main de Dieu. Et si je devais faire une prière, c’est qu’il me donne la force de porter loin ma mission à Génération Innovante et de léguer une association qui aide et qui porte les espoirs de tout un pays. Ce sera mon plus grand héritage ».

RACHIDATH BOURAÏMA

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