Les yeux fixés derrière l’objectif de son appareil photo, Richard Dansou, photographe béninois et promoteur du studio « Darimage », s’apprête à graver l’instant. Un clic et la magie s’opère. Depuis quelques années, il a officiellement mis fin à sa carrière de banquier pour se consacrer entièrement à sa passion : la photographie. Spécialiste du noir et blanc, il esquisse un léger sourire lorsqu’on l’interroge à ce sujet. Interview.
Que représente pour vous le noir et blanc ?
Je dirai d’abord que le noir et blanc c’est l’ancêtre de la photographie et il reste toujours d’actualité. Et cette durabilité, cette capacité du noir et blanc à rester dans le temps fait de lui un style assez particulier. Un style qui aura traversé les époques. Le passé, le présent et le futur. Puisque je reste convaincue que même dans le futur, le noir et blanc aura toujours droit de citer. En dehors de ça, c’est le style de la simplicité. Et cette simplicité du noir et blanc fait de lui un style gorgé d’émotion parce qu’il permet à celui qui lit l’image de se concentrer sur l’essentiel et de ne pas être perturbé par mille et une couleur. De plus, le noir et blanc, c’est plein d’élégance, c’est plein de charme. Pour moi le noir et blanc aujourd’hui, au-delà d’un style de photographie, c’est un état d’esprit et c’est une façon de voir le monde.
Pourquoi avoir choisi d’en faire une spécialité ?
Le noir et blanc fait partie de ma nature. J’aime ce qui est rétro, le noir et blanc l’est. Je n’aime pas suivre le même chemin que tout le monde et ce style me permet de me démarquer aisément.
Comment arrivez-vous à transmettre cette vision à vos clients ?
Ce qu’on ignore est qu’il y a beaucoup de personnes qui ont connu l’époque du noir et blanc et qui en sont nostalgiques. Ceux-là sont heureux de renouer avec le noir et blanc grâce à moi. Les nouveaux adeptes découvrent mon travail via les réseaux sociaux et décident d’expérimenter ce type de photo.

Le noir et blanc coûte-t-il moins ou plus cher que la photo en couleur ?
Je ne pense pas qu’il faille faire la comparaison en se basant sur les couleurs. Le tarif d’une œuvre dépend de l’expertise. Le client qui paye une expertise et une touche particulière est toujours prêt à mettre le prix qu’il faut pour se valoriser.
Avez-vous une clientèle cible ?
Je suis assez conscient du fait que tout le monde ne peut pas faire des photos en noir et blanc. Ce style est réservé à un public averti. C’est pour des gens qui aiment montrer leur particularité, des gens qui aiment se distinguer et qui ont envie de faire les choses autrement. Des personnes qui ont une certaine maturité. Le noir et blanc est un style réservé à une élite, à des gens qui n’ont plus rien à prouver. La plupart de mes clients sont des gens qui connaissent bien la valeur du noir et blanc et qui en mesurent la portée.

Quelle est votre plus grande fierté aujourd’hui ?
Celle d’avoir remis au goût du jour le noir et blanc et de constater tout l’engouement que cela suscite aussi bien au Bénin que dans le reste du monde.
Qu’est-ce que Darimage souhaite que les gens retiennent de lui ?
Tout simplement qu’elle est une marque qui écrit à l’encre de la lumière, l’histoire des légendes.
Quelles sont vos perspectives pour les cinq prochaines années ?
Photographier les légendes d’Afrique et du monde. Un artiste n’appartient pas à son pays mais à l’humanité. Le reste du monde mérite de profiter de notre talent et de notre expertise.
Rachidath BOURAÏMA