« Votre marabout est fort. Je ne réponds généralement pas aux messages sur Facebook directement, je laisse mon manager s’en charger », explique Meiway à Paule Ursule Koffi. Le jeudi 6 janvier 2022, au restaurant L’Automatic, notre jeune journaliste est en face du Génie de Kpalèzo pour l’interview qu’elle a sollicitée. Malgré sa réponse positive, rien n’était joué d’avance. Retour sur une rencontre que rien ne prédestinait possible.
23 décembre 2021, dernier jour de cours à l’Institut Africain des Médias (IAM). Au milieu de la playlist de la soirée de fin d’année, le directeur impose une série de chansons de Meiway, de ses débuts (au concours de live Podium en 1984), en passant par l’émission de vacances Variétoscope en 1995, jusqu’à aujourd’hui. Même si de prime abord cela peut sembler ennuyeux, les chansons des années 80 emballent. Un air familier à l’écoute. L’artiste est en avance sur son temps. Cela s’entend. Les rythmes, les mélodies semblent avoir été construits pour l’époque actuelle, pour la génération d’aujourd’hui. La preuve sur le réseau social TikTok : les titres du créateur du Zoblazo (son style de musique) font l’objet de challenges par les plus jeunes. Curiosité aiguisée. Envie d’en savoir plus sur l’artiste, sur l’effet qu’il a sur toutes les générations.
Le lendemain, 24 décembre 2021, une recherche sur sa page officielle Facebook. Elle abrite plus de 133 000 abonnés. 133 000 personnes susceptibles de lui envoyer chacune un message ! Mais qu’à cela ne tienne, requête pour une interview envoyée en privé, à 18 heures 25.
Trois jours plus tard, une réponse apparaît, à 21 heures 23. Un cadeau de Noël inespéré. « Bonjour, vous pourrez me joindre à Abidjan au xxxxxxxxxx à partir de jeudi prochain ». Joie immense. Pourtant, il va falloir se coller à la tâche, faire le maximum de recherches, écouter et réécouter les interviews qu’il a données çà et là. Elles sont nombreuses. Tout comme les chansons qu’il a écrites, arrangées, chantées. Nombreuses comme les articles qui parlent du « dernier des fédérés », un de ses surnoms.
Les jours passent. Le stress monte. Le mercredi 5 janvier 2022, la veille du rendez-vous, au bout du fil, la voix est reconnaissable. Le rendez-vous est confirmé pour le 6 janvier 2022 à 15 heures dans le hall de l’Hôtel Palm Club, dans la commune résidentielle de Cocody. « Faudrait m’envoyer un message de confirmation », insiste le chanteur. Chose faite le jour J. Mais un message qui reste sans réponse…
15 heures. Palm Club, dans le hall de l’hôtel, point de Meiway. « Bonsoir mademoiselle, j’ai cru que le rendez-vous était annulé. Je n’ai reçu aucun message de confirmation. Vérifiez vos messages, vous avez peut-être oublié d’appuyer sur l’envoi. Pas grave. Je pars de la (riviera, ndlr) Palmeraie. On se retrouve au restaurant L’Automatic au Vallon. Attendez-moi dans la salle climatisée », indique-t-il.
Une fois sur place, il n’y a personne. L’endroit est calme. Idéal pour une interview même s’il fait chaud. La climatisation ne semble pas bien fonctionner.
« Bonsoir, demoiselle, je suppose que c’est vous. Votre marabout est fort. Je ne réponds généralement pas aux messages sur Facebook directement, je laisse mon manager s’en charger (…) Je crois qu’on va changer d’endroit, il fait très chaud ici, je ne supporte pas la chaleur. Allez venez », lance Meiway.
Un homme simple, le verbe cru

Paire de baskets aux pieds, tee-shirt vert et pantalon jeans. Le « 13e apôtre » en personne. De quoi faire tituber tout journaliste débutant. Dehors, tout le monde veut saluer le « Professeur Awôlôwô ». Un autre de ses surnoms.
À l’aube de la soixantaine, c’est un homme bien conservé qui peut valablement rivaliser avec les quarantenaires. Chaleureux, cordial, sourire qui ne le quitte jamais, il répond aux nombreuses salutations.
« Vous savez, je me dis que vous débutez, il vous faut quelqu’un avec une certaine notoriété qui vous donne l’occasion de faire vos preuves et vous imposer. C’est notre rôle d’aider les plus jeunes. C’est pour cela que j’ai accepté sans hésiter », chahute-t-il une fois assis confortablement dans son 4X4. À l’intérieur, l’air conditionné distille une ambiance plus fraîche.
15 minutes à discuter de tout et de rien dans la voiture en cherchant un endroit suffisamment calme pour qu’il se fasse « cuisiner ». L’entretien se fera à l’intérieur du véhicule.
Les questions s’enchaînent les unes après les autres. Meiway répond sans faux-fuyants, entre air sérieux et fous rires. Des sujets dont on peut parler et d’autres qui devront rester « en off ». L’artiste se dévoile. Mais surtout l’humain qu’il est. Un artiste accompli, une légende. Un titre qu’il revendique. « Quand j’enregistre une chanson, c’est pour la postérité », se défend-il. Il défend aussi son attachement aux valeurs africaines. Aucun tabou pendant l’entretien. Les propos sont crus et « pleinement assumés ».
De nombreuses minutes plus tard, la voiture de l’artiste s’immobilise devant les locaux de l’IAM. Fin de l’interview, à lire ici.
Paule Ursule Koffi
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