Érosion côtière : le village d’Azuretti menacé de disparition

Azuretti, le petit village qui s’étire entre la mer et la lagune Ébrié, en périphérie de la cité balnéaire de la ville de Grand-Bassam, est menacé de disparition. Sur la  plage, les assauts répétés des vagues creusent le rivage. Azuretti subit les effets dévastateurs de la montée des eaux sous le regard impuissant de ses habitants.

Vagues géantes, écumes et éclaboussures. La mer est en furie. Elle s’écrase violemment sur la dune. Emportant, après chaque aller et retour, une portion de terre d’Azuretti. « À l’époque, la mer était au-delà des 100 mètres […] ces temps-ci, elle est très proche de nos maisons », se souvient Abbé Dominique, chef du village Ébrié d’Azuretti. L’érosion gagne du terrain au point de rendre le littoral dangereux. Et les activités économiques sont tout autant affectées.

Au bord de la plage, de longues pirogues de pêche sont bloquées sur le sable. Des paniers vides et des filets sont rangés. Impossible d’aller en mer. « Quand l’eau [de la mer, ndlr] est fâchée, on ne va pas là-bas. Des gens meurent dedans. Il faut attendre que ça se calme », confie Yao, un jeune pêcheur. Assis sous des cocotiers, ses frères et lui, réparent des filets troués, les visages marqués de tristesse. Depuis des mois, la montée des eaux affecte négativement le rendement de leur activité. Une situation que vit au quotidien Evans, chef d’un groupe de pêcheurs. « À cause de la marée haute, la pêche n’est plus bonne […] avant, on gagnait beaucoup de poissons. Maintenant, ce n’est plus la même chose », témoigne-t-il. Et de rajouter : « Les femmes doivent aller jusqu’au port de pêche pour acheter du poisson, venir les fumer et les revendre. Il y a d’énormes difficultés ici ».

Les affaires en berne, chômage en hausse, désarroi permanent

Face à la crise, plusieurs jeunes ont abandonné les filets et les pirogues. Ils s’adonnent désormais aux animations, les week-ends lors des visites touristiques. Cependant, ces derniers peinent à générer de bons chiffres d’affaires. Dans le village, l’absence de pôles d’attraction provoque une faible affluence des visiteurs. Sa plage est également impraticable à certaines périodes de l’année. Selon Messan, pendant « les mois de juin et juillet, de grosses vagues envahissent la plage jusqu’à atteindre la route principale, qui relie Azuretti aux villages voisins ». Du côté de la lagune, ce sont des inondations qui menacent la quiétude des populations environnantes. La plus récente a occasionné des dommages chez « une trentaine d’habitants ». Pour certains jeunes, vivre à Azuretti, c’est accepter volontairement de vivre le chômage. De fait, plusieurs parmi eux souhaitent entreprendre l’exode rural.

Serge, la vingtaine d’années, s’apprête à monter à bord d’un véhicule en direction d’Abidjan. Pour lui, c’est la seule alternative possible, s’il veut construire sa vie et aider ses parents. « On est ici, comme on boit du koutoukou et qu’on ne fait rien, vous ne nous respectez pas. Je m’en vais à Abidjan. Dans peu de temps, vous allez me respecter ici », lance-t-il sans ambage.

Non loin sur la rive, Kouassi Messan Alex a les regards fixés sur la mer. Ses yeux sont plein d’espoir. Ce fils d’Azuretti croit que les actions des populations dans la lutte contre le réchauffement climatique ainsi que l’implication du gouvernement ivoirien dans le cadre de la préservation du littoral, peuvent redonner à Azuretti son luxe d’antan. Pour lui, le salut des villages côtiers réside dans la réouverture de l’embouchure du fleuve Comoé, à Grand-Bassam. Un projet dont les travaux ont été lancés le 11 novembre 2019 par le gouvernement de Côte d’Ivoire et qui devrait durer 22 mois.

Durand N’Dri

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