Maasta MC : au-delà du handicap, le combat d’une vie

Assis dans son fauteuil roulant, le regard fixé sur son objectif, un ballon entre les mains, Ndemba Parfait Claude alias Maasta MC, s’entraîne sur un terrain de basketball. Personne à la mobilité réduite, il porte des séquelles de la poliomyélite à la jambe gauche depuis l’âge de 2 ans. Malgré les difficultés qu’il rencontre au quotidien, il se réjouit d’accomplir chacun de ses rêves. Aujourd’hui, formateur en basketball, artiste rappeur, animateur live DJ et mannequin photo, il accumule plusieurs cordes à son arc. Sa vision première : participer au changement de mentalité sur la condition des personnes handicapées. Portrait.

C’est au Cameroun, en 1982, que l’histoire de Ndemba Parfait Claude commence. Petit chouchou d’une famille de 3 enfants, il grandit sans réellement prendre conscience de son handicap. « Quand on est enfant, on ne réalise pas vraiment. Mais une fois adulte, ce sont les adultes mêmes qui vous rappellent sans cesse votre handicap » laisse-t-il entendre. Enfant précoce, brillant à l’école, il commence à nourrir de grands rêves. « Je voulais faire de la musique, mais mes parents ne voulaient rien entendre. Pour ma mère, ce n’était pas un travail décent. J’ai dû me battre pour arracher ma liberté et faire ce que je voulais de ma vie », explique-t-il.

En quête d’indépendance, le jeune homme décide de quitter ses parents pour poursuivre ses études, mais surtout ses rêves. Destination : le Bénin. Un pays dont ses professeurs béninois lui vantaient souvent les mérites. Il espère y trouver gloire et succès. Très vite, il est confronté aux réalités du terrain. Le quotidien n’est pas aussi aisé qu’il se l’imaginait. Hors de sa zone de confort, il doit se battre pour survivre dans un monde sans merci. « J’ai fui les parents en me disant qu’ils ne me comprenaient pas. Mais je suis venu tomber dans un monde où c’est encore pire. On dirait que je suis à mille années-lumière du pays. J’ai beaucoup galéré en cherchant à me faire un nom », confie-t-il souriant.

Partagé entre son cursus académique et sa passion pour la musique, Maasta MC découvre une nouvelle activité. Le handibasket. « J’arrivais à peine à Cotonou et j’avais un souci de prothèse pour ma jambe. Je ne connaissais encore nulle part à cette époque. Pendant l’une de mes promenades, je découvre un centre qu’on appelle ‘’Équilibre Bénin’’. Fortuitement, j’y rencontre celui qui a créé le handisport au Bénin, Nassirou Domingo. Je lui expose mon problème et au cours de notre échange, il me parle des sports pour personnes handicapées et m’invite à venir voir comment ça se passe un de ces quatre. C’est comme ça que j’ai découvert le handibasket », se souvient-il.

L’aventure prend une nouvelle tournure. Il s’investit corps et âme dans ce nouveau sport et se sert d’Internet pour amasser le maximum de connaissance dans la pratique du basketball. Sa fougue et sa détermination le poussent à devenir à son tour formateur. « Je me rappelle qu’en-dehors des heures d’entraînement, je m’entraînais tout seul en bas de mon immeuble. Il y avait un panier de basketball donc j’en profitais. Je prenais une chaise et je me mettais à lancer. Les enfants du quartier, amusés par ce que je faisais, venaient m’aider à ramasser le ballon. C’est comme ça que j’ai commencé par leur apprendre à jouer. Je le faisais tellement bien que les parents ont commencé par me donner de l’argent sans que je ne leur demande pour m’exprimer leur satisfaction. Du coup, je me suis dit pourquoi pas. J’ai commencé par professionnaliser mon coaching ».Tout en pratiquant le basketball, Maasta MC côtoie des acteurs du showbiz béninois et cultive davantage sa passion pour la musique.

En 2007, son premier single ‘’Master X’’ le propulse au-devant de la scène musicale. Le succès pointe le bout de son nez. Pourtant, la tâche n’est pas facile. Il faut se battre contre les préjugés. Les personnes handicapées ne sont pas toujours vues d’un bon œil. « Ce qui me choque le plus c’est quand les gens me demandent ‘’tu peux faire ça ?’’ En remettant en question mes capacités, juste parce que je suis handicapé », se désole-t-il.

Au fil des ans, il réussit à se faire un nom. On le connaît très engagé sur les réseaux sociaux, qu’il utilise pour transmettre ses idéaux. Il se positionne dans le secteur de la mode, du sport, de la musique, mais aussi de la communication digitale. Il se déploie sur plusieurs projets et défend le maillot national du handibasket sur plusieurs tournois. Sur le plan musical, ses singles ont du succès. ‘’Fayadem’’, le dernier en date, tourne en boucle sur les chaînes de radio. Sa voix porte de plus en plus. Il se félicite des prouesses : « J’ai compris que la lutte de proximité est plus efficace que tous les cris et slogans. Quand les gens te voient aller à l’entraînement avec ton sac à dos, aller sur le terrain de basket, te battre comme tout le monde pour réussir. Quand tu les sensibilises pour former leurs enfants, ils sont d’office acquis à ta cause. Ils croient en toi. C’est déjà un progrès ».

Mais le combat est loin d’être gagné. Changer les mentalités est un challenge quotidien. Pourtant, Maasta MC n’a pas l’intention d’abandonner. Ses rêves sont plus grands que le regard de la société sur sa condition physique. Il ambitionne d’élargir sa notoriété et de jouer aux jeux paralympiques sur le plan international. Pour lui, «le handicap n’est pas un handicap ».

Rachidath BOURAIMA

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