« Simple photo Kpra Kpra 250 000(…) C’est pour sortir miss monde oubien je vais ressembler à Beyoncé ? C’est shooting de tout mon village ? Tes photos sortent sur Mars. Je te bloque Tchrrrrrrr », la réponse d’une cliente après avoir demandé les tarifs pour la couverture de son anniversaire. Ce mardi 7 décembre, Jean Goun revient sur l’incident et explique ce qui détermine les tarifs.
Cocody,Riviera Palmeraie. A quelques mètres du Parc des Princes. Fond marron. Trépied et éclairage de part et d’autre. Soft box en forme de Parapluie sur la droite. Un salon scandinave vert de trois et une place. La musique en fond sonore, le tire »Nivaquine » de l’artiste ivoirienne Mula. Sur scène des articles décoratifs. Une fille au teint brun. Robe grise à paillette. Le visage recouvert de maquillage. C’est un shoot anniversaire. Ce mardi 7 décembre, Jean Goun face à la jeune fille, montre comment poser. Bienvenue au «78 Studio».
La cliente se change. Cette fois, c’est un fond gris. Des paniers et un pot de fleurs vertes. Pour cette séance, la cliente paiera 50 000 Francs CFA. 3 photos de son choix pour chaque tenue. Ici, ce sont 25 000 FCFA pour 3 photos retouchées, dans une tenue.
La photographie, un métier comme tout autre
“Clic, Clic, c’est dans la boîte ! ” Si l’activité du photographe se résume à cette expression, il est certain que le coût d’une prestation rapportée au temps passé à appuyer sur le déclencheur est important. En réalité, Le tiers du temps du photographe est consacré à la prise de vue. Le reste est réparti entre retouches et tâches administratives.
Jean Goun est photographe professionnel depuis 8 ans. Depuis 2019, il tient le 78 Studio avec son associé Steven Tanno. Après avoir échoué au BAC, il arrête les cours en classe de terminal. Par passion, il rejoint la photographie. « Le sérieux et la valeur que tu accordes à ton travail définissent qui tu es », affirme-t-il. Pourtant, en juillet 2021, il est au centre d’une polémique qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Une vidéo qui montre une conversation entre Goun et une cliente. Pour l’anniversaire de celle-ci, qui se fera de 20 heures à 00 heures. Il propose 250 000 FCFA pour 4 heures. Elle devient agressive dans ses propos. Dévalorise le métier. Une fois la photo de leur conversation publiée sur Facebook, la toile s’enflamme. Les photographes mécontents, crient leur ras-le-bol. Certains internautes les soutiennent. Pour les autres, le tarif est abusé.
Séance de photographie : à quel prix ?
« Il n’existe aucun barème régulé et fixe », laisse entendre un collaborateur. Les photographes et vidéastes professionnels peuvent pratiquer les tarifs qu’ils souhaitent.
« Le prix est fonction de plusieurs choses, notamment la qualité de l’appareil utilisé. Plus l’appareil est performant, plus la photo se rapproche de la réalité », explique Goun, avant de poursuivre « Le matériel sans le local coûte plus de 3 millions. Derrière notre travail, il y a une équipe qui bosse. Un directeur artistique, des assistants ».
Selon Steven Tanno, photographe et vidéaste, le prix est fonction du service demandé. « Les shoots personnels sont à partir de 25 000 F CFA. Les shoots grossesses à partir de 50 000 F CFA. Les shoots famille à 125 000 F CFA. Pour les mariages, de 900 à 1 million deux cent mille francs. Les shoots commerciaux, eux sont fonctions du nombre d’articles et du lieu. Ce sera à partir de 80 000 F CFA en studio et 120 000 F CFA en extérieur », précise Goun faisant allusion aux tarifs du 78 Studio. À l’en croire, quelques critères peuvent influencer ses prix : l’expérience et la compétence, le matériel utilisé, le temps. « Le prix est fonction du standing auquel se met le photographe », ajoute Franq’Em l’un des photographes du studio. C’est la renommée. Il s’agit d’une simple règle de l’offre et de la demande. Certains photographes professionnels sont très convoités et populaires. Ils ont un agenda chargé, ce qui influence leur prix à la hausse.
Après le passage de deux autres jeunes filles, il est 15 heures. C’est au tour d’une famille. 3 sœurs et leurs bébés. Parmi elles, se trouve Marie Aude, l’une des premières clientes de Goun venue de France. Goun est le photographe de tous ses événements. « Je le préfère pour son professionnalisme. Et le sérieux qu’il met dans son travail. La qualité de ses photos est pareille qu’en France avec un coût inférieur », explique-t-elle. Dans la même salle, le jeune photographe a deux bureaux. Sur chaque table, se trouve un ordinateur de bureau avec un écran de 27 pouces et un ordinateur portable. Entre deux séances, il retouche les photos déjà prises. Fini avec les sœurs. Direction la Paroisse sainte famille de la Rivera 2. Une future mariée et sa famille l’attendent. 17 heures 30. Il retrouve la famille et s’entretient avec le prête sur les limites à ne pas franchir dans l’église. Pour ce mariage, le jeune photographe encaissera plus d’un million de FCFA avec son équipe. « Quand je lui ai donné nos tarifs, elle a tout de suite dit ok. Certains connaissent la qualité de notre travail et le respectent », confie-t-il. Selon le photographe, Junior Sahué, lorsqu’on veut quelque chose, on se donne les moyens de l’avoir. La qualité à un prix.
Au studio, deux autres jeunes filles attendent pour un shooting. À 22 heures, les derniers clients sont partis. Assis sur son ordinateur, la nuit sera longue pour le jeune Goun. Il a des photos à traiter. Les clients commencent à appeler pour les récupérer. Le matériel utilisé et la qualité de son travail justifient ses prix.
Ursule KOFFI