Edwige KENDE : Repartir de zéro, reconstruire ses rêves

Il est 17 heures à Cocody, Angré. La journée est presque terminée. Non loin du terminus 81/82, un maquis à ciel ouvert où se côtoient plusieurs vendeuses. Edwige KENDE, range ses affaires sous la menace de la pluie. Depuis quelques mois, elle mène sa petite activité de restauratrice pour joindre les deux bouts. Précédemment chef d’une entreprise florissante, elle se retrouve du jour au lendemain sans un sou. Tout reconstruire reste sa seule option.

Plongée dans ses souvenirs, Edwige KENDE raconte tristement son parcours d’entrepreneur :« Il y a quelques années, je dirigeais une chambre froide. J’avais des employés à mon service et ça rapportait beaucoup d’argent. Mais suite à mon dernier accouchement, et avec les problèmes de santé de mon enfant, j’ai confié la gestion de mon entreprise à des gens. Malheureusement, il y a eu des détournements de fonds, des marchandises pourris, beaucoup de perte. J’ai dû tout vendre pour payer mes dettes. Mon capital de 10 millions est partie en fumée ».

Mariée et mère de trois enfants, son quotidien devient un challenge permanent. Elle fait une croix sur sa vie d’aisance et décide de quitter Man, une ville dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Elle s’installe à Abidjan auprès de son mari. Les journées deviennent difficile. Il faut se battre pour survivre.

« Même si tu as compté les millions, un jour il faut accepter de recommencer avec quelque chose, donc je suis venu recommencer ici. Ce n’est pas facile. Surtout pour les enfants. Je ne pouvais plus leur offrir la même stabilité », reconnait-elle.

Avec le soutien moral de son mari, elle retrousse ses manches et décide de se battre pour se reconstruire. Des petits boulots çà et là. Quelques commerces de vivres. Puis l’idée de faire valoir sa passion pour la cuisine lui redonne de l’espoir.

« J’ai toujours aimé faire à manger aux gens. Quand je reçois des gens à la maison, je prends du plaisir à leur concocter de bons repas. Donc un jour j’ai demandé à une de mes mamans si elle pouvait m’aider à trouver une place quelque part pour installer mon activité. C’est comme ça que je me suis retrouvée ici. »

Ses journées démarrent à 5 heures. Elle se donne à fond pour faire fonctionner son business. Au four et au moulin, son premier objectif est de satisfaire ses clients avec un menu varié. Du foutou, du foufou, du riz. Accompagnés de sauces diverses. Ses plats ont du succès.

« Faire à manger, ce n’est pas juste pour gagner de l’argent. C’est vrai qu’il y a le gain derrière mais c’est d’abord une passion. Je ne peux pas dire que j’ai déjà beaucoup de clients mais il y a certains qui reviennent chaque fois parce qu’ils aiment ma nourriture. Tout ça, c’est l’œuvre de Dieu », se réjouit-elle.

Pourtant, les difficultés se font sentir. Son quotidien n’est pas de tout repos. « Repartir de zéro est un véritable challenge » lance-t-elle. Puis explique : « quand tu as déjà atteint ton autonomie, et que tu te retrouves à zéro, au point de manquer du minimum, c’est frustrant. Mais quand tu penses à l’avenir de tes enfants tu es obligée de te battre pour eux » .

Elle s’accroche à sa foi mais aussi à ses rêves pour aller de l’avant. Son désir de retrouver sa stabilité financière pour assurer l’avenir de ses enfants est plus fort que tout. Elle nourrit de grands projets et compte tout mettre en œuvre pour les réaliser.

« D’ici 5 ans ce ne sera pas pareil » promet-t-elle dans un éclat de rire avant de poursuivre : « d’abord d’ici 1 an, j’aurai assez d’argent pour me prendre un magasin et  avoir plus d’espace pour mon restaurant. Comme ça, je pourrai bien organiser les choses. Et dans quelques années je vais construire un grand complexe hôtelier, avec tout ce qu’il faut à l’intérieur, restaurant, piscine, terrain de basket, vraiment je rêve grand et je ne désespère pas. »

Le cœur rempli d’espoir, Edwige KENDE se considère comme une femme battante et estime que « le plus important dans la vie ce n’est pas ce qu’on fait mais c’est de réussir dans ce qu’on fait ». Sa devise : « le travail, le travail et rien que le travail ».

Rachidath BOURAÏMA

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